La bouée cardinale Sud "La Voleuse", dernière marque
de parcours de cette Duo Concarneau marquera les mémoires.
Celle de François Jambou tout d'abord. Le Concarnois, arrivé sur
cette marque à quelques encablures de la ligne d'arrivée, avec une avance
suffisante pour envisager de la franchir en premier. Le vent n'est pas de la
partie, ni en puissance -quelques nœuds à peine ici et là - ni en direction.
Pas le choix d'un empannage et d'un bord de recadrage pour attaquer le dernier bord.
Juste derrière, "Tartine" est
là prêt à bondir. Et à "la Voleuse", le vent change de quelques
degrés, Axel passe en douceur la marque et, sans heurt, sur son élan, peut
faire route directe vers la ligne dans une situation de tension extrême, en
pleine nuit noire, dans les lumières rouges, vertes et blanches. Le 945 se
rapproche, il va plus vite, pas assez, peut-être, et... à 100 mètres du but,
passe devant, gagne !
Et puis ne nous offre-t-elle pas aussi des merveilles ?
Partir faire une course au Large, sur un petit voilier, sans moteur, sans
assistance, quasi sans moyens de communication, c'est un peu la défier cette
météo, tout au moins s'y confronter, s'y frotter. Peut-on lui en vouloir de ne
pas être une science exacte, d'être ce qu'elle est? N'est-elle pas cette
liberté que les Ministes recherchent ?
Ce sera vite oublié.
En ce qui concerne l'aspect sportif de la Duo Concarneau :
4 Minis (Proto) sont arrivés dans les délais et sont classés officiellement.
Pour ceux arrivés hors-délai et ceux encore en mer à l'heure qu'il est, l'ordre
et le temps de passage sur la ligne seront relevés et transmis à la Classe
Mini.
Dans les
mémoires aussi des suiveurs qui ont vu ces bateaux, Mini par la catégorie, mais
si grands dans nos cœurs, se sachant hors délai, faire quand même le détour
pour réaliser le parcours complet. En identifiant ces équipages, on se rend
compte aussi que ce qui compte c'est d'aller au bout de la virée, au bout des
duels, peu importe les papiers officiels, ce qui compte depuis Groix ou
Belle-Île, ou parfois même depuis "Les Bœufs", c'est de laisser
derrière celui qui est juste derrière, et surtout de se faire la peau de celui
qui est devant : au prochain virement on se le paye, au prochain croisement il
est derrière ! Et tous passent à "La Voleuse", comme les premiers,
pour le sprint final. Une fois la ligne franchie, leurs sourires sont les
mêmes, et tout à l'heure au bar, officiellement ou pas ils referont la course.
La
vraie voleuse, cette année, c'était la météo. Mais peut-on lui en vouloir ?
Peut-être, mais en vain.
Bien
entendu, le hiatus avec la "vie moderne" est important, à plus d'un
titre, plus d'un skipper vous le dira.
Texte : Jean-Benoit Gerckens