François Jambou, le Directeur de course adjoint de cette 5e Duo Concarneau l’avait annoncé avant le départ, la première section du parcours entre Concarneau et l’estuaire de la Loire, serait déterminante pour le reste de l’épreuve. Il ne s’est pas trompé. Ce tronçon s’est en effet révélé important et a creusé d’emblée des écarts significatifs au sein de la flotte. C’est là que la paire Quentin Mocudet et Thomas André (986 – Ascodal / Saveurs & Délices) a fait le break sur la concurrence chez les bateaux de Série. C’est toutefois ensuite que le binôme Basile Gautier et Arthur Meurisse (945 – Les Entrepreneurs du Golfe) a, lui, fait la différence chez les Proto. « On était un peu dégoutés d’avoir pris un peu de retard sur les trois premiers au moment d’enrouler la marque SN1. Comme on découvre le bateau et que les conditions étaient quand même bien toniques, c’était dur pour nous de tenir constamment des vitesses moyennes élevées au portant », a commenté Arthur Meurisse, qui disputait sa toute première course en Mini 6.50 cette semaine. « Franchement, on s’est régalé. Sur le bord entre SN1 et la pointe Bretagne, c’était un peu violent. Le bateau volait et filait à plus de 11 nœuds face aux vagues. Le fond de coque tapait parfois vraiment fort. Avec Basile, on a bien attaqué et on a été très rapides, ce qui nous a permis de nous installer en tête sur la route des Pierres Vertes », a détaillé le champion d’Europe jeune de SB20 2018 et récent vainqueur du Tour Voile au côté de son acolyte, lui aussi emballé par sa course. Sous pression jusqu’au bout « On a bien débridé le bateau. Pourtant, juste avant le départ, lors du convoyage, on avait cassé une dérive et celle de remplacement ne rentrait pas entièrement dans le puits. Ça a fait un réglage un peu spécial mais finalement un réglage payant ! », s’est amusé Basile qui commence manifestement à bien trouver les manettes de sa monture. « On savait, compte-tenu de la météo, que ça ne se jouerait pas sur les manœuvres mais sur la vitesse. On est restés très dynamiques sur les réglages. On a constamment été en réflexion et on avait vraiment bien préparé la nav’ », a souligné le Morbihannais qui a toutefois été un peu mis sous pression sur la fin du tracé par Robinson Pozzoli et Bruno Lemunier (1026 – Uoum), les tenants du titre, respectivement chez les Proto et chez les Série. « On a fini par une très belle journée, avec de super choix, notamment en prenant le parti de se décaler dans l’ouest dans le Raz de Sein afin de nous protéger des courants. Cela nous a permis d’être en mesure d’essayer de jouer la gagne jusqu’à la fin mais Basile et Arthur nous ont bien contrôlés et ils n’ont commis aucune erreur », ont commenté les deux navigateurs qui ont finalement bouclé la boucle avec seulement 25 petites minutes de retard sur leurs rivaux, s’octroyant ainsi la deuxième place dans leur catégorie devant Thaïs Le Cam et Julien Letissier (1068 – Frérots AD Branchet). « Pour notre part, on est assez contents de ce qu’on a fait, même si on a fait une belle bourde à la fin, avant le Raz de Sein, qui nous a coûté cher. On n’a clairement pas à rougir de ce qu’on a produit sur l’eau. On est contents d’avoir fini avec un bateau en entier, de terminer la saison par un podium et aussi d’avoir pris beaucoup de plaisir sur l’eau, en particulier sur le bord sous spi à fond les ballons du début, certainement le bord le plus amusant de toute la saison ! », ont résumé les deux co-skippers qui s’étaient, de fait, montrés spécialement à l’aise sur les premiers milles, se payant le luxe de franchir SN1 en tête. Quand une petite faute coûte cher Chez les Série, la bagarre a aussi été belle même si, on l’a dit, le duo Quentin Mocudet – Thomas André s’est installé aux commandes dès la première marque et ne les a plus lâchées ensuite. « On est effectivement passé devant à tous les points de passages obligatoires mais ce n’est pas pour autant que les autres étaient loin. On s’est d’ailleurs fait peur de temps en temps, notamment ce matin, car on ne trouvait pas la vitesse tandis que de leur côté William Ollivier et Calliste Antoine (979 – Expérience Immobilier) étaient plutôt très rapides. De plus, il y avait pas mal d’algues sur le parcours et on avait oublié la lampe pour éclairer la quille la nuit. On a ainsi vécu dans le doute permanent d’avoir un truc coincé dans l’appendice », ont expliqué les deux marins qui ont tenu bon jusqu’au bout face aux attaques de leurs plus proches poursuivants mais aussi face à celles des frères Guérin, Amaury et Malo (996 – Groupe Satov). « Ils ont commis une faute au début mais ils sont ensuite revenus très fort au près bon plein. C’est resté très serré mais on a visiblement fait de bons choix de trajectoires à la pointe Bretagne », ont souligné les deux vainqueurs qui ont finalement devancé de 25 minutes puis de 51 minutes leurs deux adversaires sur la ligne d’arrivée, ce matin. Du plaisir partagé et de la confiance retrouvée « Au niveau de SN1, on ne voulait pas se retrouver trop serrés par rapport au vent. On a préféré la jouer « safe » mais Quentin et Thomas ont réussi à glisser par en dessous. Ensuite, ça a un peu été le train-train et il n’y a pas eu trop d’opportunités pour se refaire. Pour finir, je suis malgré tout très content de ma course avec Calliste avec qui je régatais pour la première fois », a relaté William Ollivier, qui a ainsi pris une double revanche après avoir laissé échapper le podium lors de la dernière édition il y a deux ans (il avait oublié de passer la marque de La Voleuse alors qu’il était aux avant-postes avec Thomas de Dinechin) puis son abandon forcé dans la Les Sables – Les Açores – Les Sables en juillet dernier. « Ça fait du bien, ça remet en confiance », a avoué le marin. Même son de cloche du côté d’Amaury Guérin, qui avait lui aussi dû jeter l’éponge prématurément lors de la SAS à la suite du délaminage de sa coque. « C’est chouette de terminer la saison par un podium et de reprendre de la confiance en mon bateau. C’était l’un de mes objectifs sur cette Duo Concarneau. Ça a vraiment été une belle course, avec de très belles conditions, même si ça a été un peu compliqué pour Malo et moi puisque nous avons fait une option à la côte avant SN1 qui n’a pas fonctionné et qui nous a coûté très cher. On a alors pris six milles dès les premières heures et malheureusement, ensuite, il n’y a pas vraiment eu d’occasion de revenir », a terminé Amaury Guérin. |